[Clip] Thérèse – Mala Diva

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By Raphaël DUPREZ

Le mal, sous toutes ses formes, fait partie de nous. Et, tandis que l’on a souvent tendance à l’éviter, à ne pas vouloir croiser son regard, il arrive parfois que notre corps nous y confronte, frontalement, implacablement. C’est devant la maladie, l’excroissance terrifiante et littéralement viscérale, que Thérèse ose danser avec l’altération de son organisme ; un alter ego familier, un prolongement de l’être qui, dans cette incroyable acceptation, définit à la perfection ce que la souffrance et la délivrance nous imposent, au-delà du doute et de la peur.

Aucune excentricité dans la mise en scène de « Mala Diva ». Tandis que Thérèse nous avait habitués à l’amplification visuelle de ses revendications à travers ses précédents clips, ici, elle temporise. La lumière est tamisée, l’ambiance est confidentielle, refermée sur la chanteuse et le fantôme intérieur qui, soudainement, nous apparaît. Sujet tabou par excellence, l’affection génétique et les angoisses qu’elle impose sont ici exposées dans les quelques mètres carrés d’une chambre aux allures de cellule, de ring où le combat devrait avoir lieu. Sauf qu’il n’en sera rien. Plutôt que les poings, Thérèse usera de la tendresse, de l’appropriation par l’amour et la confiance de ce qui, pourtant, pourrait lui coûter la vie n’importe quand. Un reflet des maux de l’âme, une aberration physique façon David Cronenberg qui, ici, se métamorphose en poésie de la certitude, en gestes tendres, en espérance.

La transition est d’autant plus bouleversante ; de la détestation, Thérèse opère une dérive vers l’appropriation du syndrome, des symptômes, des conséquences. Pas de maquillage superflu ou d’effets spéciaux mécaniques aptes à nuire au langage visuel et lyrique de « Mala Diva ». Deux entités ne formant qu’une, s’ancrant dans la réalité d’un quotidien qu’on ne peut que voir différemment, car prêt à nous échapper sans crier gare. Dès lors, le traumatisme est un corps, un esprit, un ami. Et, en effet, comment mieux lutter contre l’anxiété du lendemain qu’en se disant : « Tu es là, je t’ai haïe mais je me suis trompée. Je t’aime. » ? L’élixir émouvant et vivifiant d’une guérison en cours, après un dernier au revoir. Une amputation dont les douleurs fantôme seront toujours là, résonnant sans prévenir, mais qui nous rappelleront que, malgré le pessimisme, nous existons toujours. À cause de = grâce à.


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