[Clip] Thérèse – Jealous

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By Raphaël DUPREZ

Une évolution supplémentaire, grandissant toujours davantage au fil de ses textes, de ses implications personnelles et artistiques, de ses illustrations sonores et vocales. Thérèse prolonge son exploration des forces et faiblesses de l’instinct humain en franchissant un pas de géante grâce à « Jealous », vision à la fois ironique, ultra-réaliste et lucide de ce qui nous pousse à tout vouloir, tout de suite. Quitte à empiéter sur la vie des autres, sans honte ni scrupule.

Foutue hyperconnexion. Foutus posts d’influenceurs en tous genres ou de personnes croisées par écrans interposés, mais dont un vêtement, un accessoire ou même un physique peuvent, en un clin d’œil, provoquer en nous cette irrépressible envie de ressembler, voire de mettre toujours mieux en valeur la vitrine alors exposée. Et, tandis que les filtres se multiplient, la jalousie, elle, demeure sans apparat, sans barrière virtuelle entre nos êtres et ceux qui, tant volontairement qu’à leur insu, nous réduisent à l’état de bêtes consommatrices. Il y a un an, Thérèse fonçait tête baissée dans la toxicité des relations, des rapports amicaux, affectifs et amoureux, au fil d’une analyse intériorisée et exemplaire de leurs risques, périls et libertés retrouvées. Aujourd’hui, « Jealous » veut tout, tout de suite ; et, par ce biais, prolonge la réflexion de l’artiste, non pas d’un point de vue sentimental, mais plutôt en s’accordant à ce qui, au plus profond de nos âmes et de nos cœurs malmenés par le consumérisme et de sempiternelles rivalités, remplace la beauté intime par une fascination esthétique terriblement artificielle. La question étant : comment résister ?

« Jealous » se fait plaisir en surchargeant son héroïne d’accessoires et de chairs trop lourds pour être quotidiennement supportés. Mais, au creux de cette succulente surexposition, Thérèse amplifie son message et ses peurs, ses tourments, ses volontés d’éveil des consciences : ne sommes-nous pas les proies des réseaux, prisonniers de fibres paralysant tous nos membres ? Nous sommes-nous pas en train d’éradiquer ce qui fait de nous des animaux doués de conscience ? Et, surtout, pourquoi envier les profils opportunistes d’une grande majorité d’utilisateurs de sites communautaires : leurs photos, leurs vies de couple, leurs nombres d’amis, etc. ? Thérèse s’est risquée au combat l’opposant à cette déviance que nous-mêmes n’osons pas avouer. Elle a regardé le visage se reflétant dans son miroir, le risque d’un narcissisme à la Dorian Gray sur lequel il était grand temps de reprendre le pouvoir. De là est née, dans la douleur, une marche inexorable vers l’amplification de la convoitise et de la cupidité. « Jealous » est un exorcisme absolu et irrévocable, tant pour Thérèse que pour les zombies en lesquels nous nous transformons. Pour le coup, à consommer sans aucune modération.


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