[Clip] iNA-iCH – CROP

Photo of author

By Raphaël DUPREZ

Le calme. Quelques figures se forment, la voix les accompagne et commence rapidement à affirmer ce qui sera développé au fil de « CROP ». Un masque diabolique, dont les reflets absorbent l’individu dans ce qu’il a de plus cruel. Des déformations physiques. La dissimulation de l’intention première : celle de faire souffrir, de violenter. Il n’y aura pas d’échappatoire autre que la réflexion vocale d’iNA-iCH, portant en elle seule la bouffée d’oxygène apte à nous extraire de l’oppression, de la soumission. Le spectacle, terrible et fulgurant, peut dès lors commencer.

La danse devient fracture. Celle du noir et du blanc, du mime agissant tel un refuge contre le déchaînement d’agressivité qui, inexorablement, se déploie devant nous. Un âpre et désarmant ballet. La figure angélique se voit annihilée par une créature du vice et de l’égocentrisme. Plaisir pour l’un, désincarnation pour l’autre. « Ma rage ne trouve jamais mon bras qui s’contente de t’faire un doigt ». Une lutte sonnant tout d’abord comme une énième peine perdue. Il y a aura un vainqueur et une vaincue. Les images font mal, percutent, transfigurent la performance de la déchéance et de la soi-disant supériorité d’un tout-puissant auto-proclamé. L’effroi. La paralysie psychique. L’impuissance face au démon, à la lubricité, à l’anéantissement du respect.

Le tour de force intervient quand la couleur reprend ses droits, quand les faces et les apparats tombent une fois pour toutes. Car, plus que tout, « CROP » est une révolte grondante, l’hymne d’un conflit dont nous sommes bien trop nombreux à détourner le regard. « Tu sais pas qui je suis… / Mais sache que je vais être / La main qui te punit / D’avoir touché mon être ». L’essence effervescente de l’opposition, de l’affirmation. Le condensé volontaire et franc d’une révolution nous concernant toutes et tous. La réalisation de Sylvain Tardiveau, magistralement portée par le dialogue chorégraphié de Clara Duflo et Romain Franco, rugit au fil de ses plans tantôt lents, tantôt projetés dans des plans tempétueux. Si la folie et le repli sur soi peuvent apparaître comme les seuls exutoires à la maltraitance, « CROP » ose, sans détour, affirmer le contraire. La colère déteint sur nous, nous fédère. Et pose cette question essentielle : quand agirons-nous pour ne plus voir de telles obscénités, de tels crimes ? La balle est dans notre camp. À nous de la saisir.


Retrouvez iNA-iCH sur son SITE OFFICIELFACEBOOKINSTAGRAM