[Clip] Bikini Test Failure – Kiss Me Like You Mean It
Si les chansons d’amour ont souvent tendance à exposer ce qui a existé ou n’a pas encore eu lieu, dans le cas de Bikini Test Failure, elles représentent un fantasme que le songwriter s’imagine impossible ou immérité. En effet, « Kiss Me Like You Mean It » est, plus que tout, une histoire de certitudes mises à mal par le simple fait de se voir octroyer un simple baiser. Dans une douceur mélodique chaloupée et délicate, notre loser magnifique emploie une multitude d’images menant à cet acte ultime, à cet instant auquel il n’ose croire. Pourtant, l’échange doit avoir lieu, le contact des lèvres se muant alors en une indubitable évidence. Quand le musicien se convainc que tout est peine perdue, il lui suffit de se laisser aller, de ne pas rejeter ce formidable présent. Puis, de l’écrire et le mettre en musique, afin de conserver éternellement ces secondes devenues éternelles.
[Single] M³ – Who Am I
Le sample orchestral donne immédiatement le ton de ce qui va rapidement devenir une série infinie d’interrogations, d’affirmations et de contradictions. « Who Am I » expose les faits de manière directe, les définitions d’un être que ses actes représentent mille fois mieux que n’importe quel avis extérieur. La puissance du titre de M³ monte au fur et à mesure des évocations, se nourrit de ses racines autant que de ses rêves et cauchemars. Ces nombreuses tonalités verbales deviennent une obsession, tant pour leur créateur que pour celles et ceux qui les découvrent. De l’émerveillement au doute, de la confiance au choc brutal de la réalité, de l’existentialisme à l’humanisme et à la reconnaissance de soi, « Who Am I » est une œuvre aussi cathartique que dévastatrice. Mais qui a l’extrême mérite de ne pas se voiler la face ou d’éviter les écueils et traumatismes du vécu.
[Clip] Yousef Shamoun – صرنا كل مين بديرة
La découverte d’un nouveau style musical, d’un langage ayant traversé les siècles et véhiculant à travers lui les histoires de contrées lointaines et de paysages sonores inconnus, est toujours un délice et l’une des motivations premières de l’écriture. Grâce au compositeur syrien Yousef Shamoun, nous entrons doucement dans le Tarab, évocation sonore et vocale de l’enchantement, du plaisir et de la méditation. Et c’est bien ce qui nous parcourt au fil des cinq minutes de « صرنا كل مين بديرة », promenade millénaire dont les variations de mouvements s’accordent à celles, plus intimes, de l’esprit et de ses effets sur nos organes vitaux. Youssef Shamoun inscrit le Tarab au plus profond du XXIe siècle, alors que, tout autour de nous, le monde s’effondre. Par la grâce et la beauté de son poème et de son chant, il insuffle une force spirituelle supérieure aux actes et paroles d’êtres déstabilisés par l’ordinaire. Harmonies et instrumentations se font de plus en plus précises, essentielles. L’écho du texte nous saisit, s’insinue dans nos existences et leur accorde une pause, un instant de plénitude. « صرنا كل مين بديرة » est une vibration, une fièvre, une hallucination bienfaitrice. Et guérit toutes les blessures, qu’elles soient physiques ou amplifiées par les tourbillons de notre imaginaire.
[Single] Steven Poole – A Winter’s Elegy
Le temps de l’adieu, si dur, si cruel. Les derniers signes de la main, les larmes, les sourires. La souffrance du deuil prête à s’installer dans le quotidien. Sous les doigts de Steven Poole, « A Winter’s Elegy » conjugue délicatement mélancolie et lumière, ne cherchant jamais à amplifier une douleur déjà si grande, si pesante. Aussi poignant qu’un ultime hommage, qu’un discours lors de la cérémonie de l’au revoir, sa performance explore les sensations, les souvenirs, les réminiscences du lien amical. Ce qui transforme son œuvre en une touchante élégie, dont la sobriété et l’affection ne peuvent que nous impacter dans notre for intérieur. « A Winter’s Elegy » ne s’inquiète pas de l’obscurité et du froid de cette saison où fragilité et dépression s’entrelacent ; au contraire, le poème musical regarde devant lui, vers l’épanouissement et l’appui intemporel de l’être si admirablement évoqué. Une ode entre dévotion et sincérité.
[Clip] Orfilab – Dans tes yeux
« Dans tes yeux » s’agrémente, plan par plan, du mystère et de l’émerveillement tout en demeurant dans l’instant, le doute de ce qui suivra, l’impossibilité d’anticiper la lumière au creux du regard de l’autre. Le dédoublement de la naissance, sa complémentarité autant que sa propre personnalité, se conjuguent dans des teintes en clair-obscur, là où l’âme de la mère vient côtoyer celle en devenir de l’enfant. Orfilab écrit l’histoire originelle d’une relation puissante, unique. Au fond de samples vocaux légèrement en retrait, le duo unit la crainte de ne pas réussir et la volonté croissante d’offrir le meilleur de soi. La multiplication de la figure maternelle, l’écho cardiaque et le flot insatiable du sang dans les veines de chaque protagoniste, qu’il soit visible ou non, évoluent au fil des heures présentes et à venir. « Dans tes yeux » est le message poétique et terrestre que chacune et chacun de nous aimerait communiquer, grâce aux sens et à la sensibilité, à nos générations en devenir. La conjonction astrale d’éléments purs et vierges.
[Single] Asher Laub – Roll Up
« Roll Up » est un OVNI instrumental, la conjonction de styles musicaux que rien ni personne n’aurait songé rencontrer au cœur d’une seule et même œuvre. Pourtant, Asher Laub parvient à mettre en corrélation parfaite le hip-hop et le classique, offrant à ses rythmes électroniques une humanité précieuse et sensitive grâce au violon et aux harmonies sur lesquelles l’intégralité du titre repose. Union des territoires et des énergies, des langues sonores de pays géographiquement éloignés, « Roll Up » marche sur les multiples sentiers de ses influences, cueille leurs essences et les fait siennes, de manière admirable et jouissive. Le bonheur qu’engendre ce moment de grâce et de fête est incomparable, motivant, régénérateur. Asher Laub a réussi à nous faire oublier, l’espace de quelques précieux instants, les différences ethniques et territoriales. Une prouesse dont la magie nous obsède, écoute après écoute.