[News #3] Nova Wild, Maddy Street, Adam Carpels feat. Thérèse, DeepRosis, Nicolas FRAiSSiNET et Bonnie Li

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By Raphaël DUPREZ

[Clip] Nova Wild – Une lumière

Un flash mental, fugace, à peine perceptible dans le silence de la nuit. Dehors, tout est calme, suspendu aux lèvres d’où s’échappent les murmures de Nova Wild. Derrière les portes closes, le souvenir et les fêtes battent leur plein au rythme des cœurs, emplissent les ténèbres d’une raison de se remémorer l’instant, rapide mais éternel. Entre la solitude d’une route nocturne, une cigarette consumée pour tromper la lassitude et l’espace animé d’un bar où fusent aussi bien l’exaltation que l’interrogation, « Une lumière » se joue constamment des apparences, ancrant le rock lent et âpre du groupe au creux d’endroits tantôt bénis, tantôt maudits. La sensation prégnante de ce déjà-vu aux allures de voyage temporel demeure le dessin à l’encre de la réminiscence, de ce qu’il en reste dans les bribes de nos brouillards neuronaux ou à travers les courants électriques de la persistance.


[Clip] Maddy Street – Merlin

Le tour de magie ultime, la recherche continue d’une identité parmi les milliers de modèles et de désirs que Maddy Street explore au fil de ses créations artistiques. « Merlin » amène ce travail assidu et constant à un niveau largement supérieur, s’amusant à transformer notre muse musicale et humaine en une multiplicité de caractères, de figures, de comportements. De sortilèges en bénédictions, de ralliement en compréhension de soi, le clip est à la fois sauvage et d’une beauté à couper le souffle, n’hésitant à aucun moment à instaurer, au fil de sa narration, des secondes d’amour-haine bientôt évaporées sous les rayons chaleureux de ce qui demeure rien de moins qu’un hymne parfait à l’accomplissement de notre Moi profond, charriant humour et sérieux dans une succession de scènes beaucoup plus complémentaires qu’elles n’y paraissent. Une expérience inoubliable et à reconnaître de toute urgence d’utilité publique !


[Clip] Adam Carpels feat. Thérèse – Blinded Knight

« Blinded Knight » est un bug dans la Matrice. Non pas celle des sœurs Wachowski, mais bel et bien la représentation parfaite dans laquelle nous persistons toutes et tous à vouloir vivre et exister, aussi bien en tant qu’individus que telles de soi-disantes entités pleines et entière. La figure centrale du magnifique clip d’Adam Carpels, mis en scène avec intelligence et une concentration de tous les instants par Thomas Wood, s’érige en créature humanoïde perdue dans les méandres du paraître, du rêve et de la vaine exemplarité du monde. La planète qu’elle regarde, cet astre dont la connaissance émane sans pour autant dévoiler tous ses secrets, pourrait bel et bien la percuter et modifier la donne. Ce que Thérèse, dont la voix tour à tour grave et passionnée désincarne puis éclaire un enchaînement de scènes monochromatiques et en négatif dont l’impact est, seconde après seconde, de plus en plus saisissant. « Blinded Knight » est la rencontre éblouissante de créateurs ayant ainsi découvert une complémentarité comme il en existe peu. Théâtre de d’explosion intérieure du vide de nos quotidiens, de ce besoin brûlant d’apprendre à dépasser les exemples passifs et lassants de médias préprogrammés, ce court-métrage enflammé et fascinant observe la Vérité au-delà de l’aveuglement. Et pose sur nos pupilles un voile magique apte à nous aider à découvrir ce qui est, en lieu et place de ce qui doit être.


[Single] DeepRosis – Valkyries

Créer une histoire, une légende. La concevoir détail par détail, la peindre visuellement et musicalement. « Valkyries » est une quête progressive dont les premiers pas sont d’ores et déjà une passionnante aventure. De sonorités tribales en élans rock et à la frontière du metal, DeepRosis ne s’inspire que partiellement de mythologies déjà existantes. L’enjeu est ailleurs : l’union de forces face à l’obscurité, mais grâce à la présence indispensable de la nature et de ses énergies, d’une Terre qui, passant du rôle de témoin à celui d’héroïne à part entière, frémit dans les nombreuses circonvolutions de cette chanson de gestes soufflant sur une humanité décadente les prémisses d’un combat acharné pour la rédemption des âmes et des croyances. Un livre s’ouvre et ce chapitre est d’une puissance exaltée et prometteuse, invoquant ses déités pour le salut des générations passées, présentes et futures.


[Clip] Nicolas FRAiSSiNET – Dis-moi

Tout commence par une solitude. Celle consécutive à une rupture, comme semblent le sous-entendre les paroles de « Dis-moi », ou celle, plus profonde, d’un échange de personnalités d’abord divergentes puis rapidement indissociables l’une de l’autre. Tandis que le temps file, la peur cède rapidement sa place à une dépendance ; le double se confronte au Moi, le complète et l’aide à se dépasser. Chaque mouvement du quotidien se voit modifié puis exalté par les images humoristiques et touchantes du nouveau clip de Nicolas FRAiSSiNET, réécriture de l’histoire et des anecdotes d’un être que rien ne semblait vouloir épauler ni guider dans les méandres passifs du quotidien. La crainte de la disparition est omniprésente, elle aussi, et provoque chez le spectateur une mélancolie dont il est difficile de se défaire. Qu’importe : « Dis-moi » est une chance que l’on croyait insaisissable. L’ultime offrande devient dès lors une apothéose de beauté et de confiance en soi, un remède auquel chacune et chacun de nous peut se raccrocher lorsque le spleen s’empare de nos esprits. L’ouverture du créateur à son inspiration, nouveau chapitre des multiples talents et projets d’un artiste à la recherche de l’interdépendance de ses dons autant que de ses formidables imperfections.


[LP] Bonnie Li – Le Bleu du Rouge

Les vapeurs de passions légères et de lésions émotionnelles profondes. La sensualité douce-amère de ce qui devrait être et de ce qui est. Grâce à Le Bleu du Rouge, Bonnie Li parvient à concilier le velours du désir et les contrariétés charnelles et sentimentales de l’union, qu’elle soit physique ou sensitive. Chaque titre, histoire harmoniquement mimée d’une vie d’attractions, de joies et de peines, pénètre l’âme de l’auditeur par le choix subtil de rythmes délicats et cristallins ou l’accompagnement lacrymal de nappes synthétiques d’une subjuguante beauté, lorsque celles-ci sont magnifiées par les arpèges étouffés d’un piano solitaire et les pulsations électroniques de sonorités pluvieuses et orageuses. Le Bleu du Rouge, dichotomie colorée de la scission des ambitions et du réel, se mue en une évidence universelle, un choc de cultures de l’amour dont chaque détail a son importance et se lit comme le tatouage indélébile de la tendresse autant que de la cruauté. Neuf poèmes romantiques entre ombre et lumière, obsédant l’individu jusqu’à le confronter à ses propres fragilités, faiblesses et issues morales et affectives, loin de l’hésitation et de ces chances que l’on voit nous échapper par milliers.

Le Bleu du Rouge de Bonnie Li, disponible depuis le 22 avril 2022 (Icons Creating Evil Art)