Les remixes peuvent parfois être l’occasion de découvrir des artistes que nous ne connaissions pas et, par curiosité, d’aller saisir leurs œuvres originelles afin d’apprendre et d’assouvir nos envies de nouveauté. Dans le cas de Lionne, c’est grâce à la relecture récente de « Ralentir » par Fabrice Lemoine, dont la matière originelle est issue de l’EP Lignes de fuite paru l’année dernière, que tout a commencé. Et rien ne nous laissait prévoir l’impact que ce disque, sa force et la beauté de ses compositions auraient sur nous. Il nous fallait impérativement creuser, rechercher, fouiller. Entrer dans un monde artistique qui, après de nombreuses écoutes, ne cesse de nous ébranler.
Lignes de fuite se conditionne à notre rythme cardiaque. L’apaise tout d’abord puis l’emballe, dans un mouvement constant de sa trame créatrice. Lionne raconte ses effervescences émotionnelles, ses convictions parfois remises en question mais dont la vérité nous bouleverse au détour de chaque vers. L’œuvre est intime, introspective mais n’oublie à aucun moment de considérer l’autre comme source vivante de l’échange et de ses effets. La dépendance est aussi bien physique que psychique. Elle mène l’éloquence de Lionne, chaque seconde. Elle grave les sillons de dessins adultes, de témoignages éternels des impacts d’une destinée s’émerveillant de l’environnement et plaçant notre muse au centre de son écosystème ; celui-là même où nous nous voyons projetés, sans résistance possible.
De même, l’art de Lionne n’appartient à aucun style prédéfini, à aucun mode d’expression connu. Qu’elle côtoie les douceurs de claviers éthérés ou les rythmes pop et électro à même de donner corps à ses visions, la compositrice attrape, dans ses filets, les créatures sonores qu’elle désir sauver et inclure dans son existence – et, par un émouvant effet de ricochet, dans la nôtre. Lignes de fuite, ces écrits et pages de divagations rêveuses et d’envies affamées, ces transgressions du silence pour frôler le dessein d’une liberté sans limites, désobéit à l’aveu ambiant de ne pas extérioriser nos inclinations et nos fantaisies. Par sa grâce et sa fièvre, Lionne éteint les feux bouillonnants de notre indifférence, de nos mutismes sentimentaux et amoureux. De nos vies, tout simplement.
Lignes de fuite de Lionne, disponible depuis le 8 avril 2022.
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