[Groover Obsessions #1] Wahyné, Cynthia Leone, Déborah Leclercq, Claire Days, Marco et Mathu, ion, Mac Seamus, Noah Naas et Funky District

Photo of author

By Raphaël DUPREZ

[EP] Wahyné – Chaos

Chaos est un électron libre. Un disque à part, gravitant à plusieurs années-lumière de l’univers musical actuel. La fusion de musiques alliant folk et échos, boucles et diamants sonores discrets, tapis dans une ombre salvatrice. Alors, uniquement lorsque ces éléments sont en place, Wahyné peut s’exprimer. Pleurer les relations perdues et les blessures à vif. Chercher à comprendre les erreurs, les trahisons, les échecs. Sa voix est un murmure, mais porte en elle les affections et douleurs qu’elle se doit de transmettre après les avoir longuement explorées et éprouvées. Une écriture sur le fil, un témoignage dont l’apothéose éponyme nous apporte une lueur bienfaitrice, bien qu’éphémère. Chaos, le bien-nommé, est un torrent d’émotions impossibles à canaliser. Un opus vénéneux et d’une sincérité à fleur de peau.


[Clip] Cynthia Leone – Stéréo

Certainement l’un des hymnes les plus fédérateurs de la saison estivale qui s’annonce. « Stéréo » est une chanson de passion ultime, d’un amour que rien ne peut venir troubler ou défaire. Les instrumentations solaires et dansantes de Cynthia Leone lui offrent une place essentielle afin de poser ses mélodies vocales, mouvements entêtants dont il nous est impossible de nous défaire, une fois invités à nous y joindre. « Stéréo » se vit à plusieurs mais, plus que tout, à deux. Comme si la formidable communion des sens et des émotions était toujours possible, malgré tout ce que nous traversons. Avec la simplicité et l’innocence idéales au partage, au désir et à la dépendance.


[Single] Déborah Leclercq – Lara Croft (Remix by Forecom)

« Lara Croft » nous avait d’ores et déjà bousculés par l’appropriation de figures pop qu’avait employées Déborah Leclercq afin de dépasser l’impossible dans le microcosme toujours mouvant de la relation. Ces influences littéraires, vidéoludiques et cinématographiques trouvent, grâce au remix de Forecom, un formidable terrain de jeu dont les sonorités et rythmes lui font traverser les époques et rejoindre ses catalyseurs culturels au gré des impulsions mélodiques et d’une électricité salvatrice. La tendresse de la chanson originelle se voit maintenant propulsée dans ses époques et les évolutions constantes des supports visuels. « Lara Croft » transforme Déborah Leclercq en actrice rejouant, à sa manière, les rôles qu’elles s’étaient auparavant octroyés. Et explose les cadres de l’écran pour mieux les dépasser et les esquisser dans le monde réel.


[EP] Claire days – Emotional remixes

Moins d’un an après la sortie du magnifique opus Emotional Territory, Claire days offre ses compositions à sept artistes dont le défi sera de dépasser les frontières folk de leur matériau originel. Pari remporté haut la main, tant Emotional remixes étend l’univers d’ores et déjà foisonnant de la compositrice vers des cieux inédits et en parfaite osmose avec son inspiration. De nappes synthétiques en glitches évanescents, de sonorités pop en basses profondes, les créations de Claire days amplifient considérablement leur impact fondamental et orientent ainsi le disque vers des horizons jusqu’alors inconnus. Maîtresse de cérémonie d’un EP admirable et essentiel, elle ouvre ici son âme et ses dons artistiques à une formidable épopée, dont les mille et un mystères et les multiples révélations ne cessent à aucun moment de nous éblouir et de nous rapprocher, toujours plus, d’elle-même.


[Single] Marco et Mathu – Tomplaie (feat. Saucier)

« Tomplaie » progresse au fil des révélations toujours plus vives et motivées de Marco et Mathu. D’un point originel depuis lequel tous les espoirs sont permis, la chanson avance sans pause ni regard en arrière, vers ce qu’il est possible d’atteindre pour se souvenir et projeter de merveilleux bonheurs humains. « Tomplaie » éprouve les sonorités pop et rythmées d’une musique dont l’inspiration paraît infinie. De mélodies imprévisibles en pulsations acoustiques, l’œuvre suit les pas de ses créateurs et amplifie cet émouvant et bienveillant trajet dans sa rassurante direction. Un fil d’Ariane à l’écriture fine et audacieuse, achevant de le métamorphoser en feu de joie auprès duquel nous aimons venir nous réchauffer et échanger nos histoires.


[EP] ion – Pour être libre

Pour être libre est une œuvre hybride. La conjonction de cultures instrumentales et vocales nées pour conter le quotidien avec autant de réalisme que de volonté. Qu’il s’accompagne de beats regardant profondément vers la house ou de sonorités électroniques aptes à porter sa narration et ses écrits, ion maîtrise à la perfection chaque détail de son expressivité, déroute puis remet en place les esprits d’êtres égarés au milieu du tumulte. Se confrontant de plein fouet avec les écueils de son existence, le compositeur et interprète se livre et nous délivre. Car, si c’est en reconnaissant nos fautes et accidents de la vie, nos ivresses et nos gueules de bois que nous progressons, c’est également de cette manière que nous les domptons. Et que, grâce à un opus comme Pour être libre, nous devenons plus forts et volontaires, afin d’apprécier tout ce qu’il nous reste et ressentir et accomplir.


[Single] Mac Seamus – Né dans la machine

« Né dans la machine ». Implacable, obscur. Le rap acéré de Mac Seamus se fond à l’artificiel, que celui-ci soit sonore ou existentiel. D’actes manqués en révélations choquantes et vicieuses, de traumas psychiques en constats dont l’impact nous met souvent à terre, le titre regarde la mécanique en roue libre de vies sacrifiées, d’habitudes faisant de nous non pas ce que nous devons être, mais ce que nous sommes. Puis, un éveil. Alors que le désespoir nous étouffe, la relation que nous entretenons avec « Né dans la machine » nous pousse à débrancher les câbles invisibles nous reliant à la nature effacée de l’humanité. À regarder l’abysse et, lorsqu’il nous contemple en retour, à lui faire comprendre qu’il n’aura pas le dernier mot. Une magie noire et ravageuse. Le calme avant la tempête.


[LP] Noah Naas – Murphy

« Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal » (Loi de Murphy). C’est depuis ce constat amer et souvent insoluble une fois que nous nous y sommes, volontairement ou non, embarqués, que Noah Naas débute Murphy, disque de la différence et de son appropriation. Le musicien n’aime pas faire comme les autres, quitte à se brûler les ailes ; ce qui, au final, n’est absolument pas la conclusion de l’opus et de son effet sur nos esprits. Murphy est une créature confrontée à ses multiples doubles existentiels. Un être embrassant ses déviances et ses égarements et leur donnant vie grâce à la musique. De pulsations R’n’B en tonalités hip-hop old school, Noah Naas ne cesse à aucun moment de moderniser ses mythes et rêves. Et les concrétise de la plus intense des façons.


[Single] Funky District – Pixel de Groove

Quel est le rapport entre le point de référence de l’image contemporaine et l’intention rythmique accompagnant ce dernier dans le titre du nouveau single de Funky District ? « Pixel de Groove ». Une interrogation. Allons-nous avoir droit à un ersatz de danse ou, au contraire, à une analyse plus poussée des intonations si particulières du style ? Le résultat s’autorise la magnifique idée de fondre les deux éléments en une seule et même structure. « Pixel de Groove » définit une idée nouvelle de la house et de ce qu’elle implique si l’on veut la respecter et la moderniser ; à savoir, lui offrir des instrumentations en constante progression, des variations mélodiques et harmoniques incitant l’auditeur à se mettre immédiatement debout et ne plus laisser son corps lui obéir. Du quasi invisible à l’exposition en multiples dimensions, Funky District nous fait don de la piste idéale et savante pour les chauds mois à venir.