Un lendemain de fête et d’ébats, d’excès emplis d’alcool et de fantasmes ultimes d’une union que CHAOS HEIDI pourrait rapidement finir par regretter. « The Devil Knows », pacte non consenti avec la source de la culpabilité et du mal intérieur, interroge également sur la place de plus en plus prépondérante de la figure féminine au sein d’un microcosme où, trop souvent, elle est vue comme l’élément le plus faible et soumis.
Il y a cette forme omniprésente de perte d’identité, de mystère entourant les causes du tourment et les fondations de ses conséquences. Au fur et à mesure de son voyage dans les réminiscences, CHAOS HEIDI reproduit mécaniquement les gestes qui l’ont amenée ici et maintenant, prenant conscience de l’erreur motivée par le plaisir des sens et la perte de contrôle. « The Devil Knows » ; et notre héroïne aimerait assez le revoir et se confronter aussi bien à ses pulsions qu’à ses erreurs, à ses dérives qu’à ses accords majeurs dans la symbiose des esprits et des corps. La musique, marche martiale et obscurément nuptiale, la guide. En arrière-plan, plusieurs figures se font oppressantes, observatrices rusées et fondant rapidement et doucement vers leur proie. CHAOS HEIDI cherche le refuge, la compréhension quand elle se voit dans le miroir, les éléments constitutifs de sa déraison et de son glissement dans la fatale attraction.
Rapidement, la peur et l’impuissance s’imposent et écrasent toute possibilité de liberté et de rédemption. L’être maléfique se rapproche, son souffle chaud et putride tétanisant l’héroïne. Mais, finalement, tout ceci n’est-il que la vision hallucinée de l’autopunition ? N’est-ce pas une manière de s’infliger des souffrances psychiques qui, si l’on regarde leurs fondations, n’ont pas tant d’importance ? En un échange, yeux dans les yeux, avec le faune étreignant ses dernières espérances ? « The Devil Knows » ; et CHAOS HEIDI fait de même, éprouvant, malgré ses exclamations sans retour, une formidable envie d’assumer ses écarts demeurant, au final, éminemment humains. Une piste vocale et musicale unique en son genre, litanie de la souffrance et de l’appropriation de ses facettes les plus sensibles et éprouvantes.