[Rétrospective] 2022, la musique et plus encore

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By Le Salon de Rosie

Bien sûr, il serait possible de se focaliser sur la musique, ce cœur de métier que nous chérissons autant sur Muséanima. Bien sûr, il pourrait y avoir des tops, des flops, des révélations, des déceptions, des classements… Mais nous avons voulu voir 2022 autrement : de l’intérieur. Car sans cette énergie qui nous anime, même dans les moments les plus difficiles, il y a une humanité, une âme qui cherche et se cherche. Et des bonheurs autres, faits de mystères enfin révélés et de surprises inattendues. Voici notre bilan de l’année écoulée, tandis que nos regards se tournent déjà vers l’avenir.

2022 vu par Le Salon de Rosie

En un, j’ai découvert ce groupe et, depuis, je ne loupe jamais aucune de leur actualité. Sa voix me transporte. Je n’aime pas un truc en particulier j’aime tout. J’aime les arrangements, l’utilisation des effets sur la voix, les sons. J’aime l’ambiance qu’ils créent. C’est vraiment un super groupe qui fait aussi de belles images. À suivre de près.


La deuxième chose que j’ai aimée cette année, c’est lorsque Raphaël Duprez m’a proposé d’écrire pour Muséanima. En septembre, je n’arrêtais pas de me dire que je voulais écrire. Je m’imaginais sortir mon chien le matin et écrire toute la journée, accompagnée d’une tasse de café chaud. J’avais cette envie très forte en moi. Lorsque Raphaël m’a proposé d’avoir ma propre chronique, sans savoir que je rêvais de me mettre à écrire, vous imaginez bien que j’étais sur un nuage. Quelqu’un m’a entendu. Je suis très heureuse de faire partie de l’équipe. C’est une belle aventure.


La troisième chose magique de cette année 2022, c’est lorsque je joue au Crillon. Parfois, j’ai l’impression que je m’envole. J’aime vraiment passer mes soirées là-bas à jouer avec mes copines musiciennes. Nous sommes en trio : piano/voix – basse – batterie. J’ai une chance incroyable de jouer avec des musiciennes d’un talent fou. On joue un répertoire varié avec des morceaux de Pop-Chanson française-Jazz. On peut les arranger à notre convenance.

Ce qu’il faut savoir et ce qui est assez fou, c’est que, lorsque j’étais adolescente, je rêvais de boire une coupe de champagne au Crillon. Quelques années plus tard, une copine pianiste-chanteuse, Raphaële Atlan, me propose d’y jouer. J’étais super excitée. Le lieu est magnifique, l’équipe au top. Il y a vraiment une bonne ambiance. Les clients sont supers sympas. On y passe de très bons moments.


En quatrième position, j’y mets ma release party (mon concert de sortie d’EP) au Zèbre de Belleville. Quelle soirée !

Nous étions tous là ensemble pour fêter la naissance de mon deuxième EP, Egon. Ce n’était pas une date facile car on sortait tout juste des restrictions suite à la période COVID. Mais l’ambiance était là . C’était beau. En première partie, il y avait Odge. C’est une superbe artiste aux talents multiples. Elle compose merveilleusement bien, se produit seule sur scène et ça envoie grave. C’est un projet qu’il faut suivre de près. J’ai eu la chance de partager la scène avec deux personnes que j’apprécie beaucoup pour leur talent d’artiste et pour les humains qu’ils sont. Il s’agit d’Evie et de Parnell. J’ai défilé tout mon répertoire avec des moments solos en piano/voix et des moments électriques avec mon acolyte de toujours Matthieu Lesénéchal.

Une heure trente de bonheur dans cette superbe salle.

Merci au public de me suivre et d’être toujours là. Votre amour me porte.


En dernière position, j’y mets le mois de décembre, Noël et mon break.

J’ai toujours adoré la période de Noël , les guirlandes lumineuses, les chants de Noël, les repas de fête, les films de Noël. Cette année, c’était très particulier car j’ai décidé de faire un break pour me concentrer sur moi, mes envies, mon plaisir.

J’ai dû faire ce break car je m’étais rendue compte que je n’étais pas au meilleur de ma forme durant toute l’année. J’ai fait, quelque peu, un léger déni de vie, d’émotion, de sentiment.

2021/ 2022, j’ai perdu des gens, je ne me suis jamais reposée, j’ai continué d’avancer la tête dans le guidon sans faire attention à moi… Même pendant la crise je bossais, de chez moi certes, mais je bossais et beaucoup car je n’avais pas de vraie fin de journée. Je n’ai jamais vraiment arrêté. Et puis tous les mois, toutes ces annonces, sur la reprise ou non des concerts, c’était très éprouvant.

Alors j’ai chuté. J’ai tout arrêté, pour me concentrer sur ce que je voulais vraiment. Et ça a marché car je commence 2023 dans une belle énergie.

J’ai passé un beau Noël en famille à Paris, je suis allée au théâtre, j’ai découvert de nouvelles choses, j’ai mangé dans de nouveaux endroits , je suis allée vers la nouveauté. Avant, je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire, « prendre soin de soi ». Maintenant je le sais et, sincèrement, ça fait du bien.


2022 vu par Raphaël Duprez

On fait souvent des erreurs qu’on finit immanquablement par regretter. La mienne a été de ne plus aimer Archive ou, du moins, de ne plus y croire. Déçu par leurs derniers albums, j’étais, pour ainsi dire, blasé. J’avais la sensation que le groupe se répétait, avait abandonné toute velléité de renouveau et d’expérimentation. Puis, sans crier gare, la claque : Call to Arms & Angels. Le disque parfait, un double album comme on n’en fait plus. La sensation que, à cet instant précis, l’Histoire de la musique vient de se prendre un sacré coup de massue à l’arrière du crâne. D’abord, parce qu’elle y est admirablement synthétisée ; puis, surtout, car elle voit s’ouvrir devant elle des horizons que personne n’avait explorés auparavant. Le disque semble venir du passé, s’ancrer dans le présent et s’imprégner d’un voyage vers le futur. Il sera difficile de faire mieux. Et, de mon côté, je me mets des claques pour avoir douté.


Conduire. Après trois ans de convalescence, une infection nosocomiale consécutive à une double fracture tibia-péroné, 63 litres d’antibiotiques par intraveineuse, 1 300 comprimés, 911 injections d’anticoagulants, huit opérations et une amputation, je me retrouve derrière le volant. J’aime cette sensation. Mais, suite à toutes ces expériences, je la conçois différemment. Je démarre, je roule, la musique tourne à fond. J’admire les paysages, le bitume. Je gueule après les chauffards. Un camion, devant moi, laisse s’échapper de sa remorque un rouleau de tuyaux en plastique que je manque de me prendre en plein pare-brise. Mais ça n’a aucune importance. Je redécouvre des sensations oubliées. Je revis. Pour quelqu’un d’assez difficile à faire sortir de chez lui, ça relève du miracle. Quelques milliers de kilomètres plus tard, l’ivresse ne cesse de se décupler. Un Kerouac unijambiste. Trois prunes pour excès de vitesse (quatre km/h au-dessus de la limite, je vous rassure). Mais je m’en moque totalement. Pour toutes ces raisons, de nouveaux itinéraires s’ouvrent. Pour le meilleur.


Rosie Marie a dit oui. Nous ne nous sommes pas concertés, nous n’en avons jamais parlé. J’aime sa musique, sa voix, la beauté de ses textes. Je suis continuellement impressionné par ses multiples talents. J’en discute souvent avec une amie que je citerai plus tard. Puis, un soir, sans prévenir, une idée me traverse l’esprit : ouvrir Muséanima à d’autres plumes. Immédiatement, son nom s’impose. Pour celles et ceux qui ont déjà connu ce sentiment étrange et impossible à définir, cela va vous paraître familier. On SAIT qu’il faut que ça se produise, d’une manière ou d’une autre. Que ce qui ressortira de ce travail en commun ne ressemblera à rien d’autre. J’ai souvent – trop, sans doute – était déçu par l’humanité. Je le suis toujours, ce qui fait de moi l’un des êtres les plus méfiants de cette petite planète. Et encore, j’ai réussi à me guérir d’une sérieuse tendance à la misanthropie ; mais c’est une autre histoire. Alors que la nuit est tombée, l’évidence jaillit : elle a sa place, et elle saura la trouver et l’étreindre. Depuis, elle écrit, si bien, si intensément, si personnellement. Elle a changé Muséanima. Elle l’a ouvert au monde, par sa seule présence.


« Commence par retrouver un vrai boulot. » J’ai dû entendre cette phrase au moins une centaine de fois. Cet argument souvent vain et, majoritairement, facile et inutile. Un vrai boulot ? C’est quoi ? En quoi serait-il vrai ? Il y a des faux boulots, alors ? Durant ma convalescence forcée, j’ai écrit. Des articles, et le début d’une autobiographie qui est toujours en cours (ou comment synthétiser dix ans de galère en moins de deux cents pages). Mais une frustration demeure, elle se languit au fond de moi, elle attend. Des fois, il lui arrive de se rappeler à mon bon souvenir, que ce soit au fil de commentaires ou de mails de remerciements, ou du fait de l’impatience des artistes et de celles et ceux qui les aident. Moi, inconstant dans ma régularité éditoriale, je regarde passer ce monde sans oser m’y aventurer corps et âme. Je ne sais pas que, sous mon crâne, la tempête commence à se former. Ce qui va balayer des décennies de doute et de passivité. « Bouge-toi et vas-y ! », me crie mon cerveau quand les ténèbres essaient de l’envahir. Alors j’en parle à des proches, j’évoque librement mes craintes et mes désirs professionnels. Et deux définitions reviennent souvent, auxquelles je ne m’attends pas et que je considère toujours ne pas mériter : « Empathie » et « Les plus beaux articles ». Vu comme ça, évidemment, ça fait vantard ; mais ce n’est pas ce que je cherche à mettre en avant. Dans ces confidences, les neurones boostent à deux cents à l’heure et font leur Gandalf face au Balrog de la dépression : « Vous ne passerez pas ! » Il est là, le vrai boulot. Il prend forme. Il est en construction. Et rien ne semble plus pouvoir l’arrêter.


Remerciements et tendresse infinis : Nathalie, Charlotte, Rosie Marie, Chiara, Frédérique, Virginie, Thérèse, Megane, Julie, Manuela, Jo, Coco, Marva, Alessandra, Proksima, Mathilda, Béatrice, Audrey, Julie, Cécile, Djema, Tiphanie, Catherine, Chloé, Céline, Fred, Patrice, Julien, Xavier, Jeremy, Adam, Ugo, Michaelouis et Sébastien.