
Les images d’enfance qui défilent, alternant avec le visage de Maëlle Taina, demeureront le sujet de prédilection de « Blue (I’m still a child) ». Devant ces pictogrammes, la musique elle-même semble respectueuse. Apaisée et en une profonde atmosphère, elle habille le chant fragile et intense de la chanteuse. Regardant ses souvenirs et leur laissant une place prépondérante, l’artiste se fond en eux, magie de l’image et de la musique en corps-à-corps. Le grain nous immerge davantage dans les réminiscences, les résurrections brèves mais intenses de moments inspirant la mélancolie. Maëlle Taina n’a jamais peur de se confronter à cette émotion pourtant incroyablement forte ; au contraire, elle semble avoir besoin de se fondre en elle, corps et âme, pour faire revivre ce qui, jusqu’alors, demeurait silencieux et indicible. « Blue (I’m still a child) » nous invite, nous aussi, à regarder en arrière. À retrouver nos innocences égarées sur le chemin de l’existence. À aimer qui nous étions afin de mieux embrasser qui nous sommes. La tristesse n’est que temporaire ; elle nous aidera toutes et tous à reconstruire les reviviscences et à mieux entrevoir l’avenir. Grâce à une œuvre sobre mais terriblement poignante.