
Notre plus grand regret en découvrant « ouh », c’est que l’école de danse dont il est question dans le titre n’ait jamais existé. Qu’importe : crenoka se fait un plaisir de la mettre en images et en sons, du fait de l’urgence et de la beauté de cette dernière. « ouh » est une formidable découverte picturale. La naissance du corps et du mouvement, glanés ici et là dans des décors urbains leur convenant à merveille. La voix de crenoka illustre toujours plus intensément ces évocations chorégraphiées, comme si sa bande originale était pleinement essentielle au bon déroulement de formidables et intimistes actions. Une contagion pop dont les significations se montrent beaucoup plus diverses qu’au premier abord ; car « ouh » est également un appel à l’autre, un désir né de son absence, une nécessité de sentir ses bras, sa peau, son corps. D’où ce bouquet de fleurs, accueil prépondérant et chaleureux de l’être désiré. Peut-être que, finalement, le ballet auquel nous assistons est surtout ce même appel. Si tel est le cas – et nous n’en doutons que très peu -, « ouh » est définitivement une réussite, à plusieurs échelles. Mais c’est, par-dessus tout, une œuvre plastique et musicale intarissable et intelligente.